Pacte des mi-putes mi-soumises

Les mi-putes mi-soumises reconnaissent comme principe premier le féminisme post-moderne. Produit du féminisme tel que théorisé dans les années 60, le féminisme post-moderne se propose de le réformer. Car, la manière dont nous gérons nos relations avec les hommes le prouve : l'esprit d'indépendance qui devrait nous animer vis-à-vis des individus masculins n'est en aucun cas achevé. Et, si nous voulons être honnêtes, nous n'en avons aucune envie. C'est pourquoi nous proposons une philosophie radicalement différente. Nous sommes mi-putes, parce que nous l'assumons. Mi-soumises parce que nous le regrettons. Et vice versa. C'est triste, mais c'est comme ça. Alors.... autant en profiter. Vous êtes cordialement invitées à partager vos expériences de mi-putes mi-soumises avec nous. Soeurellement, Les mi-putes mi-soumises

dimanche 1 juillet 2007

Le syndrome Carrie Bradshaw-Mister Big, vous connaissez ?


J’ai une copine qui ressemble (un peu) à Carrie Bradshaw. Elle a des cheveux frisés, elle écrit dans un journal, elle a des super copines mi-putes mi-soumises. Et surtout elle n’a pas de chance avec les hommes. Comme Carrie, elle a du caractère. Et quand ça ne va pas, elle écrit (ou va picoler dans les bars avec ses copines). Comme Carrie, elle a un Mister Big dans sa vie. Un mec qui la hante. Qui est toxique, mais ça elle s’en fiche. Elle tient à lui, c’est plus fort qu’elle.

Cette copine a décidé il y a quelques semaines de mettre ses tripes sur la table. Au sens figuré bien sûr. Mais c’est sans doute encore pire que de mettre sa chair et ses viscères à nu. Le bout de son organisme en question, c’est son cœur. Ce truc qu’on dessine naïvement rouge et joli quand on est petit (ou cucu - tiens comment ça s'écrit "cucu" d'ailleurs?), avec des contours bien lisses. Alors qu’en vrai, un cœur c’est moche, visqueux, informe. Mais voilà, après deux ans de tergiversations dans son cerveau de blonde (romantico-naïve ?) elle a décidé que sa torture devait cesser. Alors elle a sorti le scalpel et a décortiqué ce qui n’allait pas dans sa poitrine. Des nuits d’insomnie, de larmes, de « putain mais c’est pas vrai comme ça fait mal ». Pour en arriver à la conclusion tragique : il est temps d’exorciser, de faire une opération à cœur ouvert, voire une psychothérapie (au choix selon votre « religion »).

Comme Carrie Bradshaw elle a donc décidé d’écrire. Ca fait du bien. Alors elle a pris sa plus belle plume (ça fait des années qu’elle n’avait pas écrit une « vraie » lettre). Et elle s’est fait violence pour mettre sur le papier ce qu’elle ressent. En Anglais en plus. Parce que forcément son Big à elle, il ne parle pas français (même s’il essaye et que c’est absolument sexy d’après ce que dit ma copine). Donc elle a écrit. Dans la langue de Shakespeare. Pour lui dire. Pour lui faire comprendre ce qu’il représente et que leur « relation » la fait souffrir. C’est vrai : être amoureuse d’un type qui n’habite pas dans le même pays, qui est un phobique de l’engagement, qui est schizophrène, qui est égoïste comme pas deux mais tellement drôle, intelligent, sexy… il fallait qu’elle arrête de se faire du mal.

Deux pages. Mais attention pas de complaintes et de lamentations. Pas son genre. Les lamentations c’est dans sa salle de bain, ou avec ses copines quand elle a trop bu. Non, elle a juste écrit la stricte vérité sans en faire des tonnes. Sans jouer sur le registre « je t’aime à mourir ». Elle n'a même pas écrit "je t'aime". Elle a plutôt fait un état des lieux. Elle n'a pas dit ce qu'elle aimait chez lui (déjà qu'il se la raconte, elle va pas en plus lui envoyer des fleurs), elle a juste dit qu'elle se sentait bien avec lui. En plsu développé (oui en deux pages, forcément elle a pas écrit des lignes de "je me sens bien avec toi").
Elle a encore de la dignité quand même. Et puis ce qu’il aime chez elle, c’est son sens de l’humour. Même quand la situation n’est pas drôle. C’est sa qualité (son défaut ?) : elle est capable de tout tourner en dérision et de faire de l’humour sur tout et n’importe quoi. C’est une couverture. Genre « rien ne m’atteint, ahahah, je suis comique en toute circonstance ». Et pourtant elle prend la chose très au sérieux. Mais passer pour une amoureuse éplorée, désespérée, au bord du gouffre, faut pas déconner. Il faudrait pas qu’il croie qu’il est vital pour elle. Non mais.

Bref, elle a envoyé sa lettre. Elle n’était pas peu fière. Ma Carrie à moi a envoyé sa lettre, comme Carrie Bradshaw écrit toutes les semaines dans le NY Times. Et ma copine s’est sentie soulagée, libérée d’un poids alors même qu’il n’avait pas encore lu la missive. De toute façon, son destin n’était plus entre ses mains. La Poste (on a tous à y gagner ?), un avion, et la poste du pays d’arrivée. Au bout d’une semaine elle s’est dit que la lettre avait dû arriver. Pas de nouvelles. Bonnes nouvelles ? Dans ce genre de situation, ce précepte (ridicule) ne s’applique pas.
Deux semaines. Rien. Trois semaines. Rien. Dans le laps de temps, elle apprend que la poste du pays d’arrivée est en grève. Depuis trois semaines.

Presque un mois que la lettre est partie. Même avec la grève, la lettre a dû arriver. Ce pays ne vit pas reclus totalement depuis un mois. Et là, un message. Innocent sur sa page Myspace (oui elle est à fond dans les nouvelles technologies… lui aussi, ça tombe bien). Elle hésite. Elle répond. Un truc banal aussi. Ils passent l’après-midi à s’échanger des messages sur leur page respective. Trois jours passent de cette façon. Et là elle commence à se demander s’il a reçu la lettre. Un mec n’est pas toujours courageux. Alors elle se dit qu’il trouve peut-être plus confortable de faire comme si de rien n’était. Mais comment être naturelle avec ce doute qui persiste. Du coup elle se dit qu’elle va lui demander. God bless Msn. Négligemment, elle laisse un « au fait, est-ce que tu as eu ma lettre ?... » alors qu’il est affiché « absent ». Elle est courageuse mais pas téméraire. Il va voir ça quand il reviendra devant son écran, elle sera bien sûr déconnectée à ce moment là. Et la balle sera dans le camp de son bourreau. Et là s’il ne dit rien, c’est sûr elle ne lui reparlera pas. C’est à lui de parler. Elle a des principes quand même.
Une minute après, la réponse arrive (il doit revenir de fumer sa clope, ou alors n’était pas vraiment « absent »).
« Une lettre ??? quelle lettre ??? tu me l’as envoyée quand ??? »
Oups.

Son cœur s’est arrêté. Elle a eu des sueurs froides. Elle a tremblé. Pathétique la fille. Désemparée. Décidément, avec lui, elle ne contrôle jamais rien. Tout est toujours contraire à ce qu’elle prévoit.
Elle a l’air maline maintenant. Du coup le harcèlement commence.
« C’était important ? tu sais c’était la grève ici ».
Oui, elle sait. Non c’était pas important.
« T’avais qu’à m’envoyer un email, c’était plus sûr ».
Mais non justement, elle ne voulait pas faire comme ils faisaient d’habitude. Msn, Myspace, mails… ça fait deux ans qu’ils passent leur temps à jouer avec ces nouvelles technologies. A se chercher, à se trouver, à avoir une relation ambiguë, à entretenir leur histoire qui n’en est pas vraiment une. Elle a voulu marquer le coup. Pour dire « stop, où on en est là ? » Et il ne l’a pas encore reçue, cette maudite lettre. Le destin, je lui ai dit. Et elle lui a dit ça aussi.
« C’est un signe qu’il ne faut pas que tu le saches ». Mais l’homme est curieux. Normal, c’est son boulot. Il est journaliste. Comme elle.

Bon. La voilà bien embêtée. A vouloir savoir, tirer les choses au clair, elle se retrouve tétanisée devant son écran. Maudite. Elle se dit qu’elle est maudite. Alors elle fait des blagues, détourne le sujet autant qu’elle peut, dit qu’il faut qu’elle parte. Et lui, il taquine, recentre la discussion.
« Dis moi maintenant. »
Non mais ça va pas. Elle n’est pas préparée psychologiquement là. Ca fait un mois qu’elle s’est conditionnée à renforts de « ça y’est maintenant il le sait, c’est fait, relève la tête bibi. » Ils font donc un compromis. Elle lui enverra un mail. Quand elle aura le temps. Et bien sûr le soir elle a pris le temps. Elle a écrit un mail encore plus drôle et ironique que la lettre. Je lui dis souvent qu’elle pourrait être anglaise, tellement elle manie bien l’ironie. Il faut dire que la situation est ridicule. Ecrire un mail à l’homme qu’elle aime (sans lui dire bien sûr) alors qu’une lettre se balade dans la nature, avec lui qui attend ce mail et sait très bien ce qu’il y aura dedans (ou alors il a peut-être pensé qu’elle était enceinte de lui, ça aurait été pire ça encore tiens). Et si ça se trouve, la lettre, il l'aura demain. Ridicule. Mais l’ironie est son arme favorite. Et il adore ça. Tant mieux.
Le lendemain midi elle a envoyé la lettre. Enfin le mail. Elle n’avait plus qu’à attendre. Pour la deuxième fois elle s’est sentie soulagée, libérée.

Et en quatre heures elle a eu sa réponse. Une pleine page Word. Elle a tremblé avant de cliquer sur « Ouvrir ».
Mais elle a ouvert. Elle est curieuse elle aussi. Et puis elle voulait savoir. Alors elle va savoir maintenant.
A la première ligne elle a ri. Lui aussi est très drôle décidément. Sauf qu’au bout de deux secondes elle s’est dit que ce n’était pas drôle.
« On est un peu comme Carrie et Big, non ? ;) » C’est ça qu’il a écrit, en guise d’ « accroche ». Tiens, c’est marrant. Elle n’y avait même pas pensé…
Carrie et Big ? Carrie (Sarah Jessica Parker, que tu trouves absolument sublime ? normal, elle a les mêmes cheveux que moi, elle s’est dit ma copine), la drôle Carrie de Sex and the City. Qui est sorti avec Big. Qui a rompu avec elle. Qui est ressorti avec elle. Qui a quitté Carrie de nouveau. Qui a trompé sa femme (oui il s’est marié, lui) avec Carrie. Qui est parti vivre à l’autre bout des Etats-Unis, mais l’appelle souvent, histoire qu’elle ne l’oublie pas. Qui sait se montrer attentionné avant de redevenir un salaud égoïste. Qui a toujours hanté Carrie.
Merci de la comparaison. Surtout que l’homme de ma copine a dû oublier le dernier épisode de la dernière saison de Sex and the City (à moins qu’il n’ait fait cette comparaison exprès ? mais là ça serait vraiment vicieux). Le dernier épisode où Big rejoint Carrie à Paris. Et où ils décident d’arrêter de jouer aux cons vu qu’ils sont faits l’un pour l’autre. Elle l’aime depuis toujours. Il l’aime depuis toujours. C’est beau.

Mais bon Carrie et Big, c’est de la fiction. Elle lit la suite. Il est égoïste, l’a déjà fait souffrir et ne veut pas recommencer. Il n’est pas assez bien pour elle, qui est parfaite. Parfaite, drôle, subtile, intelligente, belle… Ma copine c’est la perfection faite femme à l’entendre. Sauf qu’on ne lui fait pas à ma copine. Elle a déjà eu droit à ce refrain. « je suis pas assez bien pour toi ». Mais merde, arrêtez les mecs. Elle n’est pas parfaite (désolée, copine) et d’abord elle est assez grande pour savoir ce qui est bien pour elle ou pas. Elle a des couilles ma copine, pour avoir fait ce qu’elle a fait. Plus que lui, il faut croire. Elle assume ce qu’elle ressent. Qu’il assume de ne pas ressentir la même chose !

Et il dit aussi « ce n’est pas que je ne t’aime pas, tu sais très bien que I do (le Français est approximatif pour traduire ça…), qu’on s’entend bien, qu’on s’amuse bien ensemble, que j’aime discuter avec toi et que tu me plais vraiment ». « Mais je ne suis pas un mec pour toi, tu mérites d’être heureuse avec un mec mieux que moi ». Bref il a développé. Et il a conclu en disant qu’ils font partie de « ces gens qui auront pendant toute leur vie une amitié ambiguë, c’est comme ça ». Comme Carrie et Big (jusqu’au dernier épisode). Oui c’est comme ça, c’est plus fort qu’eux. Mais ça elle n’en veut plus. Elle n’en peut plus.
Il ne veut pas que cette conversation change leur relation. Elle lui manquerait trop sinon. Normal, elle est trop bien ma copine.

Mais ça, c’est elle qui décidera. Pas lui.

8 commentaires:

Anonyme a dit…

j'ai une copine de Berlin qui adresse ses félicitations aux auteures du blog... ;)

Anonyme a dit…

J'ai une copine qui a adoré ce commentaire, qui a été émue, qui a été triste puis qui a souri, mais qui s'est aussi dit que beaucoup ne ressentiront jamais cela parce qu'ils n'iront pas au bout de la lecture. Les modérateurs devraient couper un peu, peut-être (pardon)... Ma copine, on lui avait dit de le lire. Un peu soumise, elle le reconnait. Mais ça valait le coup.

Anonyme a dit…

cOMMENT VA cARRIE ???

VQ a dit…

sacrée Carrie, elle n'a pas changé... :)

Anonyme a dit…

;)... tu as donc deviné qui était carrie cher mister hype... il faut dire que tu la connais plutôt bien ma copine... mais elle change, elle change (enfin elle essaye)

Anonyme a dit…

Attention attention...POur preuve d'expériences vécues et partager, si un mec commence à te dire "tu es trop bien pour moi..." OU "tu mérites mieux que moi"...
c'est le début de la fin!

Anonyme a dit…

Déjà vu...malheureusement, il y en a bcp des Carries...

Anonyme a dit…

Vous me connaissez?? mais c'est de mon bouc et moi dont vous parleez là!! grrrrr ouiiiiiiiiiiiinnnnnnnnnnnnnnnnnn