
On s'emploie aussi à les humilier. Parfois, c'est drôle, parce qu'en tant que prolétarienne de la condition féminine, ma copine se réjouit avec cynisme de voir ces filles anônner péniblement trois mots. L'une d'elle cite Descartes (on lui a demandé de parler philosophie, elle ne l'a pas fait spontanément. Il ne faut pas exagérer). Elle se concentre très très fort derrière son joli front. Ses jolis yeux se plissent un peu. "C'est pas lui qui a dit je... euh... donc je suis ? Enfin, je me rappelle pas très bien."
Elle a vingt ans, c'est vrai que la terminale, c'est très loin.
C'est nettement moins drôle quand on s'emploie à humilier lesdites demoiselles. On les fait poser dans des vêtements ridicules, dans des poses suggestives. Elles font leur boulot, jouent aux pétasses, entrouvrent une bouche bien maquillée sur des dents parfaites, penchent la tête sur l'épaule, jouent avec leurs cheveux tout en chevauchant un type déguisé en Père Noël. Ca n'a pas l'air passionnant comme taf.
Le Père Noël, lui, il doit se réjouir d'avoir obtenu un pareil boulot.
On les insulte.
On leur dit de maigrir. Même si (les concepteurs de l'émission sont capables de faire preuve du même cynisme que ma copine... surtout, ils ne veulent pas d'ennui avec le CSA en faisant la promotion de l'anorexie) on les invite au restaurant pour leur dire qu'il faut s'alimenter correctement.
Ecoeurée par tant de bêtise, ma copine, qui engouffrait des tartines de confiture devant sa télé, a cessé de se bâfrer. Les apprenties mannequins devraient regarder leur propre émission si elles désirent perdre du poids.
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